Mais suis-je raisonnable?

 

Un éclair fulgurant de lumière blanche et crue brisa le miroir en des milliers d’éclats coupant comme des rasoirs. Le miroir était installé dans la pénombre reposante d’un moi déjà prêt à jaillir. Il faut se méfier des torpeurs lénifiantes qui ne sont que le prétexte à une exacerbation soudaine des pulsions considérées à tort comme habituellement  faisant partie de l’être. Nul n’est à l’abri d’une explosion de ses sens bien que des prémisses fussent-ils si diffus eussent dus nous préparer à ce raz de marée dévastateur. La rencontre fut des plus classiques et il n’est vraiment pas fondamental de s’appesantir sur ses détails. Il y eu donc la première et puis ensuite toute une série pour aboutir au désastre imprévu qui vit s’écrouler toute une vie de certitudes toutes plus solides les unes que les autres.

                                                                    

Au fil du temps, très court, déjà le rapport entre les deux se transforma et ce que nous appelons les compromis de la relation fit place à un rapport ou l’un devenant plus exigeant que l’autre, l’habitude fut prise de jouer sur ses désirs et de les satisfaire sans pour cela se soucier des siens. L’enchainement infernal avait commencé  avec tout son cortège de vertus dominatrices qui ne faisaient  plus que réduire l’autre à un esclavage au service exclusif de son dominateur. Il ne faut pas dès lors croire que par aveuglement tout fut accepté mais au contraire une partie de l’autre se mit à souffrir sans comprendre que la béatitude de ses sentiments avait fait long feu et que maintenant le peu d’énergie qu’il allait lui rester ne servirait plus qu’à alimenter l'ironie démoniaque de son persécuteur. Plus le temps passait, plus la relation se délitait et plus la souffrance devenait vive.

Alors, s’installa un cortège d’interrogations où les réponses ne purent voir le jour tant elles étaient enfermées dans un sarcophage de demandes non satisfaites. Bien sûr il en est de l’homme de vouloir comprendre, mais il est à l’instant si appauvri, qu’il n’acceptera que des explications ésotériques où venues d’une science empirique au service de l’ego.

                                                                            

 

Il se tient alors au bord d’un puits sans fond et une fois qu’il a franchi la margelle il s’enfonce de plus en plus vite comme aspiré par une spirale infernale dans les abysses de l’errance. Le désespoir l’habite et fait écho aux ricanements sadiques de la torture endurée par son pauvre esprit malade. Les jours de pluie se succèdent aux nuits sans sommeil, le laissant dans un état de déchéance physique et morale. Parfois, une embellie se profile, mais ne ce sera pour lui une façon de distiller le peu d’énergie à souffrir qu’il destinera  à son bourreau.  

Souvent il pense au début du début,  aux auspices bienveillant qu’il  l’on conduit jusqu’à la mort. Car il est mort, mort de n’avoir compris que l’esprit ne se satisfait que d’une nourriture perverse qui ne donne que l’illusion d’être rassasié. Souvent, il doit le dire, il a trouvé dans ce jeu subtil un certain parfum de jouissance empoisonnée qui lui a fourni raison de se satisfaire du moment présent. Mais lui qu’à t-il donné sinon que l’apparence d’un être détruit, défait dans une détresse mentale qui ne demande surtout pas de compassion et d’empathie. Il prend des décisions, fait des serments qu’il sait ne pouvoir tenir, mais ce n’est que la satisfaction de l’instant où il pourra se dire je suis capable d’être moi. Mené au désespoir, il ne souffre point de salut par lui-même, ses forces l’ont définitivement abandonné et il n’a plus le courage des héros de papier qui sont ses seuls compagnons d’infortune.

Son esprit stérile ne révèle plus qu’une addiction à la souffrance dans laquelle il s’imagine trouver le salut. Né pour souffrir, brisé par les chaines de la vie, il n’a pas voulu bénéficier de ces éclats de miroir qu’ils l’ont entamé comme autant de coups de couteau. Il n’a pas su trouver le chemin de la rédemption qui transforme un orage en une pluie bienvenue.

Il est mort de n’avoir compris qu’il n’était qu’une victime et que la chance l’avait déjà abandonné lors de cette rencontre tueuse.

                                                            

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